C'est pas Tad c'est JC mon Cricri
Ca va être super intéressant mon JC
J'ai essayé de reprendre l'article, mais c'est long, désolée pour ceux que ça n'intéresse pas
Elle aide les personnes à mourir : « Dans ses derniers instants, je n’ai jamais vu quelqu’un pleurer »
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Par Thierry Charpentier
Le 13 novembre 2023 à 18h30
Karine est l’une des 35 accompagnatrices d’Exit, association suisse romande qui propose le suicide assisté (*). «Beaucoup de Français se font une idée fausse de l’accompagnement à mourir », assure-t-elle.
Karine est accompagnatrice pour l’association Suisse Romande Exit, qui propose une aide à mourir dans la dignité, dont les contours sont strictement encadrés.
Karine est accompagnatrice pour l’association Suisse Romande Exit, qui propose une aide à mourir dans la dignité, dont les contours sont strictement encadrés. (Le Télégramme/Thierry Charpentier)
Karine a 57 ans. Tranquillement installée dans sa maison de vacances sud finistérienne, elle dévoile les questions qui, depuis toujours, la taraudent. « Je n’ai pas peur de la mort, mais de la souffrance. J’ai une certaine idée de ce que j’accepterai ou non. Le fait de pouvoir décider de sa mort m’intéressait. »
« Pour le jour où la douleur sera devenue intolérable »
Longtemps, cette haute Savoyarde travailla pour une chaîne de grossistes en lunettes. Un jour de 2008, elle a vu clair et a rejoint le canton de Genève, pour postuler chez Exit, l’une des associations pour le droit à mourir dans la dignité. « J’ai suivi tous les changements de mentalité au sein de la population suisse », remarque-t-elle. Au sein d’Exit, elle a commencé par répondre aux mails, aux coups de téléphone de malades atteints de sclérose en plaques, de retraités souffrant de polypathologies liées à leur grand âge… « Ils ont peur, ils sont malades, ils ont la sensation d’être impuissants. Tous veulent constituer un dossier, pour le jour où la douleur sera devenue intolérable. »
Nous écartons les personnes qui n’ont plus leur capacité de discernement.
45 000 membres
Cette demande d’adhésion est une première étape, loin d’être acquise. « Nous avons de plus en plus de personnes qui n’ont plus leur capacité de discernement. Nous les écartons », précise Karine. À la suite d’une pré-étude, un dossier sera constitué, et régulièrement actualisé. Les adhérents y inscrivent leur volonté d’obtenir une aide à mourir lorsqu’ils la réclameront. Exit compte aujourd’hui 45 000 membres, tous majeurs et domiciliés en Suisse, quelle que soit leur nationalité. L’adhésion ? 40 francs suisses par an.
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« Nous les aidons à mieux vivre »
Leur dossier est confié à un(e) accompagnateur (trice). Karine est de celles-là. « Beaucoup de gens, en France, se font une idée fausse de l’accompagnement à mourir. On est dans un monde où tout doit aller vite. Au sein de notre association, ce n’est pas ça. Ce n’est pas parce que vous adhérez qu’on va venir frapper à votre porte et vous proposer la potion ! Je vois régulièrement des adhérents. Je suis leur contact pendant, parfois, des années. Il y a des personnes âgées qui sont bien souvent seules dans la vie de tous les jours. Nous les aidons à mieux vivre. De fait, nous retardons le moment de leur mort », fait valoir Karine.
« Juste une possibilité qui les tranquillise »
Elle martèle ne pas faire commerce de la mort. « Pendant tout ce processus, chaque personne peut revenir sur sa décision et doit avoir sa tête jusqu’au bout. On leur posera la question jusqu’au dernier moment, en présence de témoins. Si une personne veut faire machine arrière - et c’est arrivé - le processus s’arrête. Je me souviens d’une personne tétraplégique, qui se nourrissait à la paille. Le jour J, entourée de ses amis, je l’ai vue changer d’avis. Nous sommes juste une possibilité qui les tranquillise, les rassure énormément ! »
En France, le débat sur la fin de vie n’est pas structuré : les gens n’y comprennent rien.
Un à deux témoins présents
En 2022, 450 adhérents d’Exit ont été accompagnés jusqu’au terme de leur vie, à leur domicile, à l’hôpital ou en maison de retraite. « Nous avons décidé d’une date, ensemble. » La police a été prévenue la veille par l’accompagnatrice, qui s’est aussi assurée de bien disposer de l’ordonnance. « Ensuite, il y a deux cas de figure : si la personne peut boire la potion, mélangée à de l’eau, elle le fait. Sans quoi, on pose une perfusion dont la personne activera la tubulure. » Un à deux témoins, membres de la famille ou amis proches sont présents. « Pas plus, pour qu’il n’y ait pas de brouhaha », poursuit-elle.
« Ils sont sereins »
Il faut cinq à dix minutes pour que le cœur s’arrête. « Dans ses derniers instants, je n’ai jamais vu quelqu’un pleurer. Ils sont sereins. Ils ont fait le chemin. C’est la fin de leur souffrance ». Elle cherche ses mots, et dit : « C’est très doux ». Elle suit l’actualité française de près et trouve que « le débat sur la fin de vie n’est pas structuré. Les gens n’y comprennent rien. Peu connaissent d’ailleurs les directives anticipées. Je pense à toutes ces personnes malades qui attendent que ça bouge ».
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(*) L’article 115 du Code pénal suisse stipule que « celui qui, poussé par un motif égoïste, aura incité une personne au suicide ou lui aura prêté assistance en vue du suicide, sera, si le suicide a été consommé ou tenté, puni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus ou d’une peine pécuniaire ». A contrario, qui souffre d’une maladie incurable ou d’un handicap insupportable et, pour cette raison, désire mettre fin à ses jours, peut demander à une association de l’aider à mettre un terme à sa vie par une mort volontaire accompagnée.
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